Philharmonie à la demande

Du 3 au 5 mai 2024, la prestigieuse Cité de la Musique à Paris a accueilli Le Printemps du bal, un grand événement multiforme consacré au bal (aux bals folk, trad’, populaires, au bal musette… avec des incursions ponctuelles vers la techno ou la scène, les danses de représentation, la danse contemporaine). Pendant deux ans, les cinéastes Vincent Moon (cf. ea. la série Territoires consacrée aux nouvelles musiques folk, trad’ des régions de France) et Laetitia Carton (réalisatrice du documentaire Le Grand Bal qui avait eu un certain retentissement à sa sortie en France en 2018 et changé la perspective de pas mal de gens sur le sujet) et le danseur Robin Decourcy ont travaillé à la programmation d’un weekend associant ateliers, musique, danse, lutherie, cinéma… et un très riche colloque de deux jours sur le sujet.

Animé par Zoé Sfez (France Culture) et donnant la parole à une vingtaine d’invités (danseurs et danseuses, musiciennes et musiciens, chorégraphes, sociologues, collecteurs, archivistes, responsables de labels, une réalisatrice radio, etc.), le colloque, accessible aujourd’hui via sa captation vidéo, aborde le bal (de la Gascogne à la Bretagne, du Poitou au Massif central, de Paris à Nantes, etc.) « comme rite social, comme lieu de rencontre, de métissage, de création, d’hybridation, comme expérience de plaisir, d’émotion, d’enivrement, comme ‘folie dansante’ ». Structurée en 4 sessions (#1 Territoires dansants : un renouveau des bals traditionnels ? / #2 Danses et musiques de bal : collectage et transmission / #3 : Création et enjeux du bal à la scène / #4 : Le bal à la rencontre de la société), la captation vidéo se regarde particulièrement bien, tout d’abord parce que son contenu est passionnant, mais aussi parce qu’elle se découpe en séquences presque comme une série (ou comme le colloque lui-même, avec ses pauses) et, enfin, parce qu’entre tables rondes, conférences, moments musicaux, courtes projections de documents audiovisuels, etc., la forme même des interventions est tout sauf monotone. (PD)

Créée en 1964, In C de Steve Reich représente une pierre angulaire du minimalisme répétitif : ses 53 motifs tiennent sur une seule page, soutenus par une pulsation égale et constante. Chaque instrumentiste répète à l’envi chaque cellule, indépendamment des autres, jusqu’à ce que toutes et tous soient arrivés au bas de la page. La chorégraphe allemande Sasha Walz a eu l’idée de faire correspondre aux motifs musicaux 53 figures chorégraphiques, assorties de règles et de lignes directrices qui laissent aux danseurs et danseuses une marge créative individuelle, mise au service de l’ensemble, dans ce que Sasha Walz qualifie d’improvisation structurée, et qu’elle rapproche d’une expérience ludique de la démocratie en société. Des jeux de lumière et des tenues colorées apportent une touche esthétique supplémentaire. Le résultat est fluide, varié et jamais statique. Une réussite ! (NR)

Concert enregistré dans le cadre de l’exposition « Europunk » en 2013, qui célébrait et mettait en avant la scène punk européenne à travers des documents, œuvres d’art, archives, etc. Pour cette occasion, la Philharmonie a organisé plusieurs concerts, dont celui des Buzzcocks. Ce groupe de Manchester, né en 1976, fait partie de tous ces groupes apparus dans le sillage des Sex Pistols. Grâce à l’influence de ses membres, il parvient à marier la musique pop britannique et l’urgence du punk ; on pense naturellement à leur titre « Ever Fallen in Love ». Le groupe se sépare en 1981, puis se reforme en 1989 pour ne plus s’arrêter, malgré le décès de leur leader Pete Shelley en 2018. (JDL)

Lateef The Truthspeaker, MC engagé depuis son plus jeune âge, fonde avec ses camarades d’école (dont un certain Josh Davis qui deviendra le roi du sample DJ Shadow) Quannum projects, un collectif rap de San Francisco. Cette bande, composée de cinq membres s’illustre principalement fin des années 90 sur la scène rap underground. En dehors de ce collectif, Lateef ne reste pas inactif, avec beaucoup de collaborations et autres projets durant les années qui suivent.

On s’attardera particulièrement sur le trio The Strangers dans lequel il déclame ses proses funky et joute avec Leeroy, le roi du freestyle français, ancien membre du groupe Saïan Supa Crew, dans leurs langues natales respectives. Le trio ne serait pas au complet sans souligner la présence très importante du claviériste Hervé Stalker et ses notes electropop. Ce dernier est le fondateur de General Elektriks, projet musical avec lequel il a été très productif, avec de nombreuses collaborations, dont le Quannum Projects ! Belle retrouvaille ! (StS)

Concert enregistré le 08 septembre 2024 à l’Espace Périphérique

Pour sa troisième édition, ce concours consacré aux cheffes d’orchestre a dû opérer sa sélection parmi… 197 candidates venues du monde entier ! Et si le public était clairsemé à ses débuts, il faut aujourd’hui refuser du monde, preuve du succès grandissant de La Maestra, un événement visant à démontrer que la direction d’orchestre est tout autant à la portée des femmes que de celle des hommes. Il bouscule nos préjugés et offre une opportunité professionnelle à ces jeunes et talentueuses musiciennes. Outre les prix octroyés aux lauréates, le concours offre aux finalistes et demi-finalistes un support professionnel et artistique durant deux ans, comportant concerts, master-classes, organisations de rencontres professionnelles ou de projets éducatifs. Les épreuves comportent non seulement l’interprétation de pièces musicales, mais aussi les répétitions, là où le travail de direction d’orchestre est le plus manifeste. Passionnant ! (NR)

Poésie pulsée, c’est la rencontre 100 % noir-jaune-rouge entre Lisette Lombé et Cloé du Trèfle, un échange entre deux artistes touche-à-tout, multifacettes. Une articulation entre la musique et le texte. Un dialogue sonore et déclamé qui évolue, qui s’interchange, qui se transmet. Une évidente occasion de vivre un moment puissant et engagé de poésie et de musique électro.

Présenté et enregistré le 09 octobre 2024 dans l’Amphithéâtre de la Cité de la musique, dans le cadre du cycle des Grands témoins de la Philharmonie, des rencontres avec des artistes en lien avec la musique, l’écoute et le son (StS)