Thomas Bernhard (Heerlen, Pays-Bas, 1931 – Gmunden, Autriche, 1989)

Thomas Bernhard (Heerlen, Pays-Bas, 1931 – Gmunden, Autriche, 1989)

Si l’on ne peut considérer Thomas Bernhard comme un écrivain satiriste, il élève cependant la caricature dans certaines de ses œuvres à un niveau de virulence ou plutôt d’excellence, rarement atteint. Il en fait même l’éloge.
Thomas Bernhard (Heerlen, Pays-Bas, 1931 – Gmunden, Autriche, 1989)

Thomas Bernhard (Heerlen, Pays-Bas, 1931 – Gmunden, Autriche, 1989)

Si l’on ne peut  considérer Thomas Bernhard comme un écrivain satiriste, il élève cependant la caricature dans certaines de ses œuvres à un niveau de virulence ou plutôt d’excellence, rarement atteint. Il en fait même l’éloge.

Maitres anciens - Comédie – Un certain Atzbacher, le narrateur,  observe Reger, un vieil intellectuel autrichien, musicologue, qui vient s’asseoir « un jour sur deux  sauf le lundi » sur une banquette  dans une salle du Musée d’art ancien de Viennes.  Il y médite, lit Montaigne, Pascal et surtout son cher Voltaire. Le récit alterne les réflexions du narrateur et les propos tenus par Reger, rapportés par le narrateur.

Entre les réflexions d’une pensée lucide et profonde, et la virulence de la critique qui ravage le monde de l’art, celui des musées et celui de la culture « d’état » (rappelons que l’état autrichien était le mobile et la cible de toute cette virulence), Thomas Bernhard s’attaque finalement à tout ce qui tient une société dite démocratique et cultivée, et le discours captive, perturbe et maintient  le lecteur sur le fil d’un réel bâti comme un château de cartes que le souffle du rire peut (doit !)réduire à néant. « Vous avez la force de transformer le monde en caricature, la plus grande force de l’esprit, a-t-il dit, qu’il faut pour cela, cette seule force de survie, a-t-il dit. Nous ne maîtrisons que ce que nous trouvons finalement ridicule… ».

 

Françoise Vandenwouwer

 

Maîtres anciens de Thomas Bernhard

Citations de Thomas Bernhard - Au fil de mes lectures.

 

Les historiens d'art sont les véritables destructeurs de l'art [...]. Les historiens d'art bavardent sur l'art jusqu'à ce qu'ils l'aient tué de leur bavardage.
(Maîtres anciens, trad. Gilberte Lambrichs, p.30, Folio n°2276)

 

L'oeuvre d'art la plus grande et la plus remarquable finit tout de même par nous peser dans la tête comme un morceau de mensonge et de vulgarité, comme un morceau beaucoup trop gros de viande dans l'estomac.
(Maîtres anciens, trad. Gilberte Lambrichs, p.57, Folio n°2276)

 

Au bout du compte, toute chose finit dans le ridicule, ou du moins dans le pitoyable, si grande et importante qu'elle puisse être [...].
(Maîtres anciens, trad. Gilberte Lambrichs, p.72, Folio n°2276)

 

Un grand tableau important [...], nous ne le supportons que lorsque nous l'avons transformé en caricature, un grand homme, une soi-disant personnalité importante, nous ne tolérons pas l'un en tant que grand homme, l'autre en tant que personnalité importante [...], nous devons les caricaturer.
(Maîtres anciens, trad. Gilberte Lambrichs, p.96, Folio n°2276)

 

[Le sport] amuse les masses, leur bouffe l'esprit et les abêtit. Les dictateurs avant tout savent bien pourquoi ils sont toujours et dans tous les cas en faveur du sport. Qui est pour le sport a les masses de son côté, qui est pour la culture les a contre elles [...] c'est pourquoi tous les gouvernements sont toujours pour le sport et contre la culture.
(L'origine, trad. Albert Kohn, p.77, Folio n°2832)

 

La société ne songe nullement à éclairer et, dans toute forme d'État, les gouvernements sont intéressés à faire en sorte que la société qu'ils gouvernent ne soit pas éclairée car s'ils éclairaient la société qu'ils gouvernent, il ne faudrait pas beaucoup de temps avant qu'ils soient anéantis par cette société qu'ils auraient éclairée.
(L'origine, trad. Albert Kohn, p.90, Folio n°2832)

 

Là où il y a trois êtres humains, il y en a déjà un qui est toujours objet de sarcasmes et de moqueries et une communauté plus importante en tant que société ne saurait absolument exister sans une pareille victime ou plusieurs d'entre elles. La société en tant que communauté ne tire jamais son amusement que des infirmités d'un ou de quelques individus pris au milieu d'elle, on peut l'observer durant toute une vie et les victimes sont exploitées jusqu'à ce qu'elles aient touché le fond de la ruine.
(L'origine, trad. Albert Kohn, p.148, Folio n°2832)

 

Publié le par JEAN NICOLAS

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