THE LAST OF THE TEENAGE IDOLS

De 1963 à 1982, l'explosif Ecossais Alex Harvey s'est essayé aussi bien au hard qu'à la pop baroque ou à la country. Son intégrale est une mine d'or.  Rugueux, généreux, excessif et d'une tendresse infinie. Tel était Alex Harvey, pittoresque et vaillant héros méconnu du rock britannique, l'esprit écossais incarné. Un chanteur tonitruant qui débuta à la fin des années 1950, avec comme seules armes sa fougue et sa gouaille des faubourgs mal famés de Glasgow, se formant à la dure des années durant de bars miteux des Hébrides en clubs à Hambourg.  Doté d'un solide caractère trempé dans le houblon, brailleur rhythm'n'blues, folkeux tripal, rock'n'rolleur jusqu'au-boutiste, Harvey se forgea un personnage truculent de performer théâtral, qui explosera finalement dans les années 1970 avec le succès de son bien nommé Sensational Alex Harvey Band (SAHB pour les intimes). Un orchestre heavy glam à l'éclectisme sans borne — capable de passer d'un hard sans fard à une pop baroque, du jazz à la country, au gré des lubies de leur fantasque leader. Deux « standards » de SAHB, des reprises, résument l'art de l'emphase maîtrisé, du phénomène Harvey, objet de culte et d'admiration des jeunes Robert Smith et Nick Cave (ce dernier reprendra son Hammer Song). Next, interprétation éruptive d'Au suivant de Brel), est peut-être la meilleure adaptation britannique du Grand Jacques. Delilah est une relecture hystérique de la murder song kitschissime de Tom Jones.  Un copieux coffret conçu amoureusement réunit aujourd'hui la presque intégralité des enregistrements d'Alex Harvey, de 1963 jusqu'à sa mort, à 46 ans, en 1982, d'une crise cardiaque. Une collection aussi roborative qu'une double ration de porridge, véritable mine pour les fans, qui rend hommage à l'une des figures les plus charismatiques mais aussi l'une des voix les plus singulières — rocailleuse à souhait, déraillant allègrement dans les aigus — de l'histoire du rock des Highlands, et au-delà (Hugo Cassavetti pour Télérama)