SONATAS FOR VIOLA DA GAMBA & FORTEPIANO (+ C.F.ABEL)

A la place de Carl Philipp Emmanuel Bach, c'est plutôt Johann Christian que l'on s'attend à trouver au côté de Carl Friedrich Abel, en référence notamment à leur célèbre association dans la cadre des concerts " Bach-Abel " qui s'échelonnèrent à Londres de 1764 à 1782. La présente compilation, en rapprochant deux des derniers représentants de la viole de gambe, a le mérite aussi de confronter les deux approches stylistiques qui vont marquer la période préclassique : d'une part une musique à fleur d'émotion, au pouls irrégulier, qui se développera en Allemagne sous l'appellation "Empfindsamkeit" "sensibilité" et dont C.P.E.Bach sera l'ambassadeur et d'autre part le style galant de C.F.Abel, influencé par l'Italie et qui repose principalement sur la grâce et l'évidence mélodique. Le choix du pianoforte comme basse continue, que seule la Sonate WK150 de C.F.Abel précisait déjà sur la partition, oriente davantage vers le futur une musique qui, au travers de la viole de gambe, n'a pas encore abandonné la robe somptueuse d'une époque révolue.

La gambiste slovaque Rebeka Ruso (voir aussi BA0509, BC8220 et GB4742) , qui étudia la viole de gambe avec Wieland Kuijken et Paolo Pandolfo à la Scola Cantorum, confronte la délicatesse de l'instrument avec l'amplitude expressive du pianoforte de Sebastien Wienand. Ce dernier, qui fut également élève à la Schola Cantorum Basiliensis , s'était déjà montré très convaincant dans son approche du répertoire préclassique, notamment dans les Concerti & Trios de Wilhelm Friedmann Bach enregistrés en 2010 (BB7160). JL