SOCRATE

Le 150ème anniversaire de la naissance à Honfleur d'Erik Satie offre à Barbara Hannigan accompagnée au piano par Reinbert de Leeuw l'occasion de faire connaitre quelques mélodies et la pseudo-cantate Socrate de ce compositeur mal connu qui fut l'ami de Pablo Picasso, Georges Braque, Léonide Massine, Man Ray et Jean Cocteau. Peut-on parler d'oeuvres de jeunesse pour les Trois Mélodies composées en 1886 et suivies par Trois Autres Mélodies datant elles de 1886 à 1906? A cette époque, Satie hésite entre la carrière musicale et celle des armes mais ni l'une ni l'autre ne lui siéra.

En 1887, il s'installe à Montmartre et commence à écrire pour le piano dans le style personnel qu'on lui connait et qui transparait déjà dans ces mélodies précoces. L'Hymne pour le Salut Drapeau est lié à son engagement en 1891 dans l'Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal fondé par le « Sar » Joséphin Peladan. Ce ne sera pas le seul élan mystique de ce compositeur hors norme. Composé en 1918 à la demande de la Princesse de Polignac, Socrate emprunte ses textes à Platon dans la traduction de Victor Cousin revue par le compositeur. C'est encore une curiosité. Les interprètes jouent la carte de la très grande proximité et déroulent leur récital sur le mode de la confidence. Malheureusement, la diction défaillante de Barbara Hannigan nous prive de tout le sel qu'apportent les paroles à la musique extatique de Satie.