SAVED BY THE BELL

Robin Gibb, mort en 2012, était la voix d'I started a joke, des Bee Gees. Un chant d'une fragilité qui n'avait d'égale que sa prodigieuse magie mélodique, la signature vocale presque irréelle du groupe : tremblante, à deux doigts de lâcher mais qui tient jusqu'à l'aigu le plus extrême. Robin était aussi doté d'un sens inné de l'arrangement, de l'écriture. Le léonin Barry, l'aîné de la fratrie, s'imposait en leader, mais Robin, devant le succès fulgurant des Bee Gees dès 1967, se sentait pousser des ailes. A 18 ans seulement, il se lance en solo. Son premier single, Saved by the bell, poignant et plaintif, fait un carton. Mais « le règne de Robin » annoncé (Robin's Reign est le titre de l'album) n'a pas lieu. En quelques mois, Robin accumule des enregistrements ambitieux qui ne verront pas le jour, les trois frères se retrouvant pour regagner les faveurs du grand public. Ces chansons peu ou pas connues, paraissent aujourd'hui. Robin, armé d'une confiance inébranlable et stimulé par quelques expédients, aurait gravé un titre par jour, accouchant de ces chansons étrangement limpides, aux arrangements parfois déments (les douze minutes de Hudson's Fallen Wind) qui firent la singularité des Bee Gees. Un style précieux qui en fait ricaner certains, mais qui fait fondre ceux qui savent écouter. Robin Gibb disposait de mélodies comme s'il en pleuvait, la seule question était de savoir comment les agencer, les habiller avec singularité. Et Robin ne manquait pas d'idées. Il se rêvait en compositeur classique. Il le fut. De pop classique. (Hugo Cassavetti dans Telerama)

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