QUATUOR CORDES 14 "JEUNE FILLE ET LA MORT" (+ SIBELIUS)

Ehnes Quartet présente deux quatuors écrits sous l'influence d'une mort prochaine. Certes tout le monde mourra un jour mais lorsque la maladie se fait plus présente, les pensées de mort se font aussi plus pressantes. C'est ce qu'ont éprouvé Schubert et Sibélius, l'un en 1824, l'autre en 1908. En 1908, c'est Sibelius, qui se remet difficilement d'une opération pour un cancer à la gorge. Il commence la rédaction du quatuor en décembre 1908, poursuit le travail à Londres en 1909 et présente la partition à son éditeur en avril de la même année. Entre temps, il écrit à sa femme qu'il a trouvé là quelque chose de merveilleux,  « le genre de chose à amener le sourire sur vos lèvres à l'heure de votre mort ». Le sous-titre « Voix intimes » émane d'une phrase notée par Sibelius dans le troisième mouvement sous une série d'accords en mi mineur. Le ton est donné pour cette oeuvre, celui de la confidence ou même du dialogue intérieur.

Lorsqu'en 1824, Schubert reprend son lied de 1817 "La Jeune fille et la mort" sur un poème de Mathias Claudius pour en faire le deuxième mouvement d'un quatuor à cordes, il le traite sur le mode de la variation. Mettre ainsi à nouveau en scène la mort et sa petite phrase rassurante : « Ne crains rien, donne-moi ta main, je suis ton ami », est-ce pour exorciser sa crainte à un moment où Schubert se sait malade et sent la maladie évoluer ?