PREMIER AMOUR

Ecrit en 1945, peu de temps avant "Molloy" et "En attendant Godot", ce monologue aux atours de fable flirte, comme souvent chez Beckett, avec une apparente et implacable banalité. "J'associe à tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le temps. Qu'il existe d'autres liens, sur d'autres plans, entre ces deux affaires, c'est possible. Il m'est déjà difficile de dire ce que je crois savoir": dès les trois premières phrases du texte, le personnage principal associe sincérité désarmante et mise en doute de celle-ci. Une distance remarquablement prise en charge par le lecteur Michaël Lonsdale qui, par son approche décalée, confère une sorte d'extralucidité à ce jeune homme chassé par sa famille et fuyant ensuite la prostituée qui le recueille.