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Bohuslav Martinu
- Sonata For Flute, Violin and Piano H.254 1.Allegro Poco Moderato
- Sonata For Flute And Piano H.306 2.Adagio
- Madrigal Sonata For Flute, Violin and Piano H.291 1.Poco Allegretto
- Trio For Flute, Cello And Piano H.300 3.Andante - Allegretto Scherzando
- Duet For Violin And Cello, H 157_ 1 Preludium. Andante Moderato
- Duet For Violin And Cello, H 157_ 2. Rondo. Allegro con brio
Quelques beaux disques mettant à l’honneur Martinu sont tombés dans notre escarcelle au cours de ces derniers mois, et en particulier 2 médias consacrés à sa musique de chambre avec instruments à vent. C’est l’occasion de se pencher sur un compositeur dont la discographie s’étoffe et dont la présence au concert est de moins en moins confidentielle.
Martinu est né en 1890, dans le petit village de Policka, à la frontière tchéco-morave. A l’âge de 16 ans et animé du désir de devenir compositeur, il entre au Conservatoire de Prague, où il s’inscrit au cours de violon dans un premier temps, et d’orgue l’année suivante. Mais le jeune Bohuslav, refusant de s’astreindre aux règles de l’harmonie et du contrepoint finit par user la patience de ses professeurs. Très vite, il est exclu du Conservatoire pour « négligence incorrigible ».
Il obtient ensuite un emploi de violoniste à la Philharmonie Tchèque, où il découvre avec émerveillement la musique française, Ravel d’abord, puis Debussy dont l’impression sur Martinu sera déterminante.
En 1923, il reçoit du Ministère de l’Instruction publique une bourse de trois mois pour se rendre à Paris. Là, l’impact de l’impressionnisme va quelque peu céder la place à d’autres influences: celle d’Albert Roussel chez qui il prendra des cours de composition, celle de Stravinsky qu’il découvre à son arrivée en France, et celle du jazz, très en vogue dans la capitale française. « La Revue de cuisine », divertissement pour clarinette, basson, trompette, violon, violoncelle et piano, en est une évidente illustration, parmi bien d’autres.
Maintenant bien installé en France, Martinu s’est marié. Son rythme de travail s’accélère, ajoutant à son catalogue œuvres pour musique de chambre, mélodies, ballets, cantates, œuvres concertantes et de nombreuses pièces pour piano. Au cours des années 30, Martinu se détache petit à petit de ses premières influences pour s’orienter vers un style incorporant le folklore tchèque, comme dans son ballet « Spalicek ». Il explore aussi les formes anciennes, comme le concerto grosso de l’époque baroque et le madrigal anglais de la Renaissance.
En 1940, la France occupée le force à fuir à Aix-en-Provence, puis au Etats-Unis où il séjournera plus de dix ans. Cette période verra naître ses œuvres pour orchestre les plus remarquables, dont ses six Symphonies et nombre de concertos.
A la fin de la guerre, Martinu avait toutes les raisons de croire qu’il pourrait bientôt retourner dans son pays natal. Il reçut bien une proposition d’emploi au Conservatoire de Prague, qu’il accepta dans un premier temps, mais qu’il refusa ensuite sous le prétexte que cette proposition manquait d’enthousiasme. A la place, en 1946, il accepte d’enseigner la composition à l’école de musique de Berkshire, à la demande de Serge Koussevitzki, retardant encore son retour en Europe.
En 1952, il revient enfin en France. Il réside à Paris, en Bretagne, à Nice, voyage en Italie, repart quelques mois à New-York avant de s’installer en Suisse, où il restera jusqu’à sa mort, survenue en 1959. Cette dernière période voit naître des pièces-maîtresses de sa production : « La Passion Grecque », un drame lyrique composé sur un texte de Kazantzakis, la Rhapsodie pour alto, les Fresques de Piero della Francesca que lui ont inspiré l’Italie, et les Paraboles, 3 poèmes traitant d’art, de mort et d’amour sur des textes de Saint-Exupéry et de Georges Neveux.
Parmi sa production, la musique de chambre occupe une place privilégiée. Cette intense relation a donné lieu à plus de 90 œuvres. En 1946, il dira : « Dans la pure musique de chambre, je suis davantage moi-même. Lorsque je commence à composer de la musique de chambre, je ne puis exprimer la joie avec laquelle je conduis ces quatre voix ».
Nous avons sélectionné pour vous quelques médias qui vous apporteront, nous l’espérons, de belles découvertes.
Les oeuvres de ce programme datent en majeure partie de sa période américaine et témoignent de l'intérêt particulier que Martinu a toujours éprouvé pour la musique de chambre. Les compositions enregistrées ici expriment le plus souvent un mélange de lyrisme empreint de tendresse et d'allégresse, hommage à la nature, aliant truculence et élégance à la française. NR
Excursion dans l'univers chambriste de Martinu, dédié ici plus particulièrement à la flûte et au violon. Le Trio Albatros est formé de musiciens italiens (Stefano Parrino : flûte, Francesco Parrino: violon, Alessandro Marangoni : pianoforte) avec l'intervention de Gianluca Capuano pour la partie de clavecin de la pièce « Promenade ». NR
Musique de Reicha, Martinu et Janacek : Emanation de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, le Berlin Philharmonic Wind Quintet a vu le jour en 1988, à l'époque où Herbert Von Karajan dirigeait l'orchestre. Le répertoire pour cette phalange n'est pas légion à moins d'étoffer le quintette en ajoutant d'autres souffleurs et même des instruments d'autres familles. C'est ainsi qu'un piano, un deuxième basson et une clarinette basse viennent se joindre à la flûte, au hautbois (et cor anglais), à la clarinette, au cor et au basson formant le quintette. Le Quintette en Mi bémol op.88 n°2 d'Anton Reicha fait partie du répertoire de base du quintette à vent. Il fait un peu figure de dinosaure en ce début du 19ème siècle tant son écriture est classique. Aux côtés de Beethoven, de Schubert et d'autres qui eux pratiquaient déjà le langage romantique, nous sommes ici dans l'univers de Joseph Haydn. Reicha fait passer dans son quintette un entrain, une joie de vivre que les interprètes ne manquent de transmettre.
Le programme de ce disque ayant été établi dans un souci des contrastes, nous passons au sextuor avec piano de Bohuslav Martinu rédigé en 1929 à Paris. La flûte et le piano se taillent la part du lion tout en payant de leur personne, la virtuosité est leur lot et le Scherzo leur appartient en exclusivité. A part l'Adagio qui est mélancolique, les autres mouvements affichent un côté guilleret, faisant de cette oeuvre un divertissement de choix. AG
Duos de l’entre-deux-guerres, pour violon et violoncelle.
Tendres connivences ou joutes virulentes, les duos pour violon et violoncelle offrent une variété d'expressions qui captivent l'oreille d'un bout à l'autre. Les voix s'entremêlent, se répondent, fusionnent, s'éloignent pour se rejoindre encore.
Les quatre oeuvres de ce programme sont représentatives d'une époque féconde, où fleurissent des langages d'une grande variété entre tradition et modernité, glânant leur inspiration dans le jazz américain, dans la musique tsigane, ou encore faisant écho aux trouvailles rythmiques du début du siècle.
On découvre avec bonheur le duo de Schulhoff aux accents parfois grinçants, celui, plus joyeux, de Martinu, la sonatine d'Honegger écrite peu après la naissance de sa fille et affichant sa sérénité, ainsi que la Sonate de Ravel, joyau absolu de cet enregistrement. Elle contient une panoplie d'effets et de jeux d'une telle richesse qu'elle fit dire au musicologue Roland-Manuel : « Il faudrait que Ravel écrive la réduction de son Duo pour grand orchestre ».
Saluons l'interprétation extraordinaire d'Oivier Thouin, violon soliste de l'Orchestre Symphonique de Montréal et de Yegor Dyachkov, soliste, chambriste et pédagogue. On succombe sous le charme de leurs archets aux sonorités chaleureuses. Leurs phrasés sont expressifs, pétillants... On en redemande ! NR
Pour aller plus loin :
Nous vous conseillons également l’exploration du site Mouvement Janacek
Elle est aussi variée et originale. Un grand nombre d’œuvres sont destinées à des formations inédites comme le Quatuor pour clarinette, cor, violoncelle et petit tambour.