PLUS LOIN VERS L'OUEST

'Plus loin vers l'ouest', 'Liberté', 'Train de nuit', 'Le Nord'... Le nouvel album de Merzhin est une invitation au départ. L'écouter ne donne envie que d'une chose : y rester. On le savait, le sextuor dispose d'un très bon chanteur à la voix légèrement éraillée, de morceaux fluides (' L' Etincelle' lance idéalement l'album) et d'un panel de nuances qui, bien que sa musique puisse parfois être comparée à celle de Luke, le situe un cran au-dessus en terme de maturité. Les morceaux les moins convaincants sont d'ailleurs ceux où Merzhin semble vouloir jouer 'dur' (' Liberté' ou 'Sweet Guerilla'), lui dont l'atout principal, fut-il masqué sous les riffs de guitare, reste une musicalité sans pareil, symbolisée par l'usage d'instruments insolites (bombarde, clarinette ...), si bien fondus dans le décor qu'on ne les remarque plus. Comme l'indique son titre, 'Plus loin vers l'ouest' fait une place plus grande, comparé aux disques précédents, aux influences américaines : 'Le Pacte du diable', son motif de guitare country, ou la chanson-titre, teintée de blues, sont là pour en attester. Cette dernière démontre également la capacité nouvelle du combo à poser un décor, une ambiance. Et puis, il y a les textes. Revendicatif, parfois, Merzhin a le bon goût de ne jamais perdre des yeux ses ambitions poétiques, ce qui le préserve d'un premier degré naïf tout en laissant l'auditeur libre de ses interprétations. Sur un sujet éculé, voire totalement convenu - la téléréalité, le succès facile -, 'Cobaye' s'en tire ainsi plus que dignement. Originaire de Landerneau, Merzhin prenait un risque en allant 'plus loin vers l'ouest'. A en juger par cet album convaincant, il n'est pas tombé à l'eau. (Julien Demets sur www.evene.fr)