PIANO TRIOS (+ TCHAIKOVSKY)

Seul le miroir qui songe d'un miroir/ Et le silence qui sauvegarde un silence... Ces vers extraits du poème Sans Héros d'Anna Achmatova ont inspiré à Victor Kissine sa pièce Zerkalo (Le miroir). Les trois instruments se renvoient le son comme un miroir réfléchit une image. La pièce elle-même adopte une forme en miroir. L'attention aux détails subtils de la dynamique, du phrasé et de l'intonation creuse la profondeur de l'oeuvre à la dimension d'un kaléidoscope où l'oreille-oeil s'égare avec délice. On glisse en douceur dans le Trio Op.50 de Tchaikovsky pourtant diamétralement opposé à l'esthétique de Kissine. Ici, l'émotion brûle, on est clairement dans le charnel et dans le drame. La forme à variations choisie comme second mouvement n'est pas habituelle mais elle fait idéalement écho à Zerkalo, sous la forme d'une mosaïque de petits morceaux de miroirs reflétant le thème originel. Belle confrontation. AG