PASSION SELON SAINT-MARC

Lorsque naît Reinhard Keiser en 1674, l'opéra fait fureur en Europe et exerce une véritable fascination à la fois sur le public mais aussi sur les compositeurs. Rien d'étonnant alors à ce que même la musique sacrée soit influencée par les tournures propres à la scène. Keiser, formé à l'école St-Thomas de Leipzig, écrit ses premiers opéras alors qu'il a à peine 20 ans. Plusieurs d'entre eux sont joués à Hambourg et fondent sa renommée. Celle-ci est considérable puisqu'on parle de lui en termes élogieux : " l'honneur de l'Allemagne " ou " premier homme du monde ". On lui attribue la composition d'une centaine d'opéras, en réalité, une soixantaine dont une grande partie est perdue.

En 1728, Keiser est nommé directeur de la musique à la cathédrale de Hambourg. Il abandonne alors le monde de l'opéra pour se consacrer à la musique religieuse et compose motets, cantates, une dizaine d'oratorios et de passions. Sombrant dans la démence, il mourra à Hambourg en 1739, âgé de 65 ans. Telemann salua sa disparition en écrivant : " Tu étais le plus grand esprit de ton temps ! " tandis que Hasse le nomme le " plus grand compositeur qu'on ait eu ". La Passion selon saint Marc de Keiser date vraisemblablement des années 1710.

On sait que J. S. Bach la fit représenter plusieurs fois notamment à Leipzig. C'est dire l'estime qu'il accordait à cette oeuvre qui influença ses propres passions. La Passion selon saint Marc est structurée en deux parties pour laisser place au centre à la prédication. Compositeur d'opéras, Keiser sait ménager ses effets et distille savamment la tension dramatique tout au long de l'oeuvre.

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