MR ABEL'S FINE AIRS, PIECES FOR SOLO VIOLA DA GAMBA

Né à Köthen en 1723, Abel était fils et petit-fils de gambistes. Nul doute que sa famille fut en contact avec les Bach, Abel s'associa d'ailleurs à Johann Christian pour créer à Londres une association organisant des concerts. Ce séjour londonien fut plus que fructueux pour le compositeur comme pour les mélomanes. Le peintre Thomas Gainsborough fit le portrait du compositeur à cette époque le montrant à sa table de travail, la gambe couchée à ses pieds, comme son petit chien blanc. La viola da gamba connaissait, au coeur du 18e siècle, un regain d'intérêt surtout auprès de l'aristocratie qui la pratiquait volontiers. Les motifs d'écrire pour cet instrument ne manquaient donc pas.

On pense que les pièces sans basse enregistrées ici furent écrites pour l'usage du compositeur dans son cercle amical. Les difficultés techniques, l'usage de double cordes ou d'arpèges audacieux le laisse penser et les témoignages de ses contemporains, notamment l'historiographe Charles Burney, relatent les joyeuses soirées au coin du feu à écouter cette musique mélodieuse. Ces pièces brassent les affects à l'égal du Empfindsamerstil de CPE Bach, ce style galant et sensible dont on trouve de nombreuses traces en littérature aussi, à la même époque. La vogue des concertos à l'italienne donna naissance dans l'oeuvre d'Abel à un style plus contrapuntique comme la fugue WKO196. Cette musique nous réserve d'autres agréables surprises et ressuscite le climat d'une époque où l'être humain se découvrait un coeur agité de sentiments. AG