MISERERE

Lorsqu'un enregistrement n'est pas seulement le reflet de l'art d'un créateur et des intentions que véhicule sa musique, lorsque les interprètes arrivent à transmettre la vérité d'une oeuvre, la matérialité du son se trouve transcendé et c'est un horizon infini qui s'ouvre pour le témoin de cet expérience. La foi est au coeur de la musique d'Henryck Gorecki, je ne vous apprendrai rien. Sa musique religieuse donne une idée de l'éternité, toutes dimensions confondues. L'interprétation du Los Angeles Master Chorale dirigée par Grant Gershon atteint à la perfection, non seulement si l'on considère les aspects techniques (justesse, ensemble, etc.) mais aussi en regard de ce qui se joue dans ces trois pièces. Miserere, Prends pitié, est une ardente et humble supplication adressée par le compositeur au dieu en qui il croit face à la violence dévastatrice des hommes, les créés. L'oeuvre progresse pendant 30 minutes jusqu'au Miserere nobis final sans relâche, parce que la foi, c'est la confiance. Cette oeuvre des plus inspirées et précédée par une prière, Lobgesang, d'une grande beauté, accompagnée dans ses derniers moments par le glockenspiel égrenant le nom de son dédicataire : Gutenberg, le créateur de l'imprimerie. L'enregistrement se termine par cinq chants pour Marie, mère du Christ, figure centrale de la religion catholique si présente en Pologne. S'appuyant sur des mélodies populaires, le compositeur insère une part de lui-même dans les harmonisations qui ornent ces chants. Ici s'exprime l'acceptation de la condition humaine et du destin qui s'impose sans que l'amour universel ne soit pour autant oblitéré de quelque façon que ce soit. Un moment d'art qui laisse son voix. AG