MARIE ANTOINETTE

Au sortir de l'adolescence, une jeune fille découvre un monde hostile et codifié, un univers frivole où chacun observe et juge l'autre sans aménité. Mariée à un homme maladroit qui la délaisse, elle est rapidement lassée par les devoirs de représentation qu'on lui impose. Elle s'évade dans l'ivresse de la fête et les plaisirs des sens pour réinventer un monde à elle.

"Avec "Marie-Antoinette", Sofia Coppola trouve le sujet idéal pour conclure sa trilogie sur l'éclosion de la sylphide en femme, après "Virgin Suicides" et "Lost in Translation". La cinéaste y sonde avec acuité et mélancolie les passages de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte. Tout le talent de Coppola réside dans l'ambivalence de son traitement, évoquant brillamment les affres traversés par cette Autrichienne devenue dauphine de France à 14 ans. Le scénario use avec audace de l'ellipse abrupte, plaçant le public au centre de la vie de Marie-Antoinette, dans sa routine quotidienne et son extraordinaire destin. Sa mise en scène, volontiers superficielle lorsqu'elle décrit la vie de la cour, se fait déchirante et contemplative dès qu'elle s'attache aux souffrances de la jeune Reine. La solitude de celle-ci jaillit ainsi douloureusement lors d'incroyables plans de pleurs ou d'errance. Coppola plonge aussi avec brio dans le mélange des genres: la bande originale, empruntant notamment à New Order, possède une superbe puissance d'évocation jamais anachronique. Kirsten Dunst, collant parfaitement à cette dualité, livre une performance éthérée et nuancée, dans laquelle l'icône laisse sa place à la femme. Un film poème émouvant qui séduit au-delà de son seul sujet historique." [www.monsieurcinema.com]