LIEDER DER SPÄTROMANTIK: WUNSCH UND TRAUM

Partant de Franz Liszt et de Richard Wagner, pour arriver à Alban Berg en passant par Franz Schreker, ce disque retrace le parcours de l'émancipation de la tonalité. Si Liszt ébranle l'harmonie, c'est par des effets de surprise dans les modulations, des contrastes brutaux entre le mode majeur et le mode mineur, l'usage d'échelles modales comme celle de la musique tzigane. Wagner élargira à son tour l'horizon tonal. L'exemple le plus audacieux est sans doute le premier accord de l'opéra " Tristan und Isolde " dans lequel Wagner superpose une série d'intervalles augmentés dont la résolution apparaît comme déroutante. Le chromatisme sera aussi une manière de dilater la tonalité en égarant l'auditeur, en ôtant les points de repères qui sont les siens depuis deux siècles. Pour Schreker, le son sera considéré comme matériau expressif ayant une valeur intrinsèque. Libéré de ses obligations tonales de cadences et de pivots harmoniques dans une phrase musicale tonale, les notes ont alors un potentiel expressif capable de donner une plus-value émotionnelle au texte auquel elles sont couplées.

Un long chemin d'affranchissement que le programme illustre au mieux. NR