LETTRES MÊLÉES (+DEBUSSY/ BARTOK/ MARTINU)

Vu dans Diapason et Classica (mai 2009)

Belle idée que cette mise en perspective de deux oeuvres de Thierry Escaich avec celles de Claude Debussy, Bela Bartok et Bohuslav Martinu. L'ensemble s'écoute avec grand plaisir, de plus il est servit avec brio par des interprètes au-dessus de tout soupçon.

Un mot des Scènes d'enfants au crépuscule et des Lettres mêlées de Thierry Escaich. La genèse de la première remonte à l'époque où le compositeur était encore étudiant et où le chant grégorien inondait ses oreilles. Le thème de ces variations dissimulées est celui de A la claire fontaine (qui ne contient que 4 notes !) En 1993, l'ébauche du projet fut remaniée pour lui donner le visage que nous lui connaissons aujourd'hui. Les apparitions de "A la claire fontaine" sont plus perceptibles mais se doublent d'un autre thème, celui du "Dies irae" grégorien. L'écriture, malgré sa complexité, parle simplement nous permettant de jouir pleinement des atmosphères. Les Lettres mêlées (2003) sont celles des noms de Bach, Brahms et Bartok auxquels le compositeur rend un hommage tout personnel. En effet, les lettres des noms sont remplacées par leurs correspondances sonores tirées du solfège germanique: Bach = si bémol, la, do, si. Ces motifs servent de matériau générateur à la pièce. Il est intéressant de noter l'évolution du langage de Thierry Escaich entre 1993 et 2003. L'écriture est plus maîtrisée en ce sens qu'elle arrive à dissimuler ce de quoi elle est faite. Une personnalité s'y exprime, sans souci du qu'en dira-t-on. AG