LES SAISONS

"Titanesque, romantique et passionnée, le Grande Sonate pour piano op. 37 de Tchaïkovski s'écoute comme une épopée russe avec ses paysages et ses batailles. Plus intime, le cycle Les Saisons, tel un journal musical, décrit la fragilité de l'existence humaine. Imposantes ou fragiles, ces deux oeuvres prouvent l'amour de Tchaïkovski pour le piano." (Livret)

Jonas Vitaud a choisi un couplage en contraste pour cet enregistrement : les Saisons et la Grande Sonate en Sol majeur. Même si les dates de composition sont proches pour ces deux oeuvres, l'esprit de l'une diffère fondamentalement de l'esprit de l'autre. La Grande Sonate, composée en 1878 et créée en 1879 par Nikolaï Rubinstein était décrite par le compositeur comme une pièce « quelque peu sèche et complexe ». Taillée en quatre mouvements, elle doit beaucoup à Schumann ou à Chopin.

Par opposition, les Saisons et leurs 12 livraisons forment en quelque sorte un almanach musical. Composées à la demande de Nikolaï Matveïevitch Bernard, l'éditeur du Nouvelliste, un magazine musical mensuel de Saint-Pétersbourg entre décembre 1875 et mai 1876, ces pièces portent chacune une épigraphe poétique en russe empruntées à des poètes. Ainsi celle de Janvier - Au coin du feu est signée par Alexandre Pouchkine. « Ce lieu de douceur et de paix, La nuit l'a vêtu de pénombre ; Le feu s'éteint dans la cheminée, La chandelle charbonne. » En décembre, on peut lire : « La veille de Noël, des jeunes filles lisaient l'avenir : Elles retiraient leurs souliers et les jetaient dehors. » Le ton est donné : Tchaïkovski trouvait dans cette commande de quoi arrondir ses fins de mois ce qui ne signifie nullement qu'il bâclait. Ces pièces pittoresques contiennent des trésors de pédagogie assorties de subtilités harmoniques et contrapuntiques.