LES JOURS SAUVAGES

Il y a de la fougue et de l'urgence contenues dans le chant feutré de Joseph d'Anvers. Dans ce disque tendu, à vif, qui semble avoir été battu par le vent âpre de l'océan, mettant au jour des racines tortueuses, irriguées d'une énergie désespérée et pourtant pas si noire, qui nous irrigue à notre tour. Souvent, les chansons parlent de ruptures et de retrouvailles fugaces, d'amis passant et passés ou même d'humains déchiquetés. Constat abrupt, mais pas amer, même si les illusions se perdent sous la voix assez froide, comme pour mieux contrôler des émotions trop fortes qui pourraient s'échapper ; et tout faire déraper. Il paraît que le chanteur est parti au Brésil enregistrer ce deuxième album, cela ne s'entend guère mais au fond peu importe : l'incandescence sous-jacente réchauffe les sons secs, métalliques, dépouillés ou martelés. Parfois, on songe au roman musical qu'Arnaud Cathrine vient de publier, et dont Anvers avoue être un grand lecteur. On songe aussi à Miossec ou à Dominique A. Surtout, on écoute ses moments de grande solitude mais aussi ses duos (avec Money Mark, notamment) avec le même le même plaisir entêté. (www.telerama.fr)