LE TINTORET D'APRÈS JEAN-PAUL SARTRE

Jean-Paul Sartre dans son ouvrage inachevé sur le peintre Tintoret, "Le séquestré de Venise", écrit: "Tintoret la foudre, navigue sous pavillon noir; pour ce pirate véloce, tous les moyens sont bons avec une préférence marquée pour les coups bas...". Le commentaire du film est construit à partir des fragments de ce texte abandonné. À Venise, dans la première partie du XVIème siècle, il ne se trouve pas un peintre plus vénitien que Le Tintoret. "Il appartient à sa ville par le sang" et ce qu'il nous montre de Venise ne se voit pas sur des canaux ou sur des ponts: ce sont les invisibles déchirements d'une ville décadente. C'est cette liaison passionnée du peintre et de sa ville que les travellings dans la Venise d'aujoud'hui, et les longs parcours de la caméra sur les tableaux nous remémorent.

Célébré comme metteur en scène de l'histoire sainte, Jacopo Robusti dit Le Tintoret (1518-1594) invente aussi l'insubordination. Faisant l'objet d'une étude fouillée, le cycle de toiles peintes entre 1564 et 1587 pour la Scuola di San Rocco, illustrant l'Ancien et le Nouveau testament, constitue son oeuvre majeure, comparable dans sa démesure à la chapelle Sixtine de Michel-Ange. En outre, il révèle une autre dimension de la personnalité du peintre qui fut peut-être sensible aux thèses de la Réforme...

Note: Prix du meilleur film pour la télévision, festival du film sur l'art, Montréal 1984.