LE MAITRE DE "FRICASSÉE"

Le style de Jean Japart est caractérisé par deux procédés stylistiques assez particulier : le quodlibet, en français fricassée, et le canon énigmatique. Le quodlibet combine plusieurs mélodies de chansons existantes, créant ainsi une foule d'associations possibles et inédites, notamment sur le plan harmonique ; tandis que le canon énigmatique consiste à introduire dans la composition une voix préexistante que l'on transforme ensuite. La musique qui en résulte peut être qualifiée de maniériste, elle demande en tous cas une grande maîtrise du contrepoint. La présence très importante des chansons de Jean Japart (quantitativement plus nombreuses que celles de Josquin Desprez !) dans la monumentale impression musicale en trois parties d'Ottaviano Petrucci , l'Harmonice Musices Odhecaton A (1501), les Canti B n° cinquanta (1502) et le Canto C n° cinquanta (1503-1504) nous interpelle. Elle situe l'importance du compositeur à son époque. Son oeuvre, essentiellement profane, nous est présentée ici par un ensemble instrumental (clavicytherium, dulcian, violes de gambe, luth, guitern, harpe, flûte et vielle) dont la richesse permet une belle mise en perspective de la complexité de ces pièces.