LA LIBERAZIONE DI RUGGIERO DALL'ISOLA D'ALCINA

Contrairement à ce qu'affirme la presse, il ne s'agit pas ici d'un premier enregistrement de La liberazione di Ruggiero dall'isola d'Alcina de Francesca Caccini puisqu'en 2016, l'ensemble ALLABASTRINA dirigé par Elena SARTORI  (réf.BC0191) portait le même projet au disque.

L'oeuvre a été représentée le 3 février 1625 à l'occasion de la visite du prince héritier de Pologne à Florence et a fait l'objet d'un spectacle inouï faisant intervenir notamment un ballet équestre donné par vingt-quatre cavaliers. La publication de la partition a assuré sa pérennité.  Fille de Giulio Caccini, Francesca Caccini a été chanteuse professionnelle, compositrice publiée et professeur de chant à la cour des Médicis à Florence. Née en 1587, elle prend la place de son père en tant que compositrice d'oeuvres scéniques dès 1607, destin remarquable pour une femme à cette époque.

Inspirée par Orlando furioso de L'Arioste, l'intrigue raconte la rivalité entre les magiciennes Alcina et Melissa pour l'obtention de l'âme et du corps du chevalier Ruggiero. A ce jeu-là, tous les coups sont permis, faisant intervenir le merveilleux. L'affiche est très féminine avec une prédominance des voix de mezzo-soprano, le registre de la séductrice. L'écriture alterne des ensembles dans le style Renaissance (duos, trios et choeurs) et le tout récent stile recitativo mettant la parole et l'expression des affects à l'honneur. Comme cela se faisait à cette époque, l'instrumentation n'est pas fixée.

Ainsi Paul Van Nevel a décidé d'attribuer à chaque personnage son profil instrumental propre le rendant immédiatement reconnaissable. Le personne d'Alcina est ainsi accompagné de cordes et virginal, celui de Ruggiero par quatre flûtes à bec. La performance du Huelgas Ensemble est admirable de couleurs. Je n'en dirai pas autant des voix dont la prestation me laisse sur ma faim. L'oeuvre ne reste pas moins splendide.