LA JACQUERIE

Palazzetto Bru Zane présente dans sa série Opéra français, le dernier opéra d'Edouard Lalo, La Jacquerie. En réalité seul le premier acte sera terminé tandis que le schéma global ne sera qu'esquissé mais suffisamment défini pour permettre à Arthur Coquard de mener l'oeuvre à son terme. Ainsi après Fiesque (1868) et Le Roi d'Ys (1888), La Jacquerie (1892) vient asseoir le talent lyrique du compositeur de la Symphonie espagnole. En 4 actes à l'écriture ramassée et d'une durée de 20 minutes chacun, les deux créateurs peignent une idylle sur fond de révolte paysanne. Robert s'éprend de la châtelaine Blanche. Par amour pour elle, il s'interpose entre le peuple haineux et le père de Blanche - le seigneur local - dont il ne parviendra pourtant pas à éviter la mort. Poursuivi par les paysans, il sera lui-même frappé et périra dans les bras de sa bien-aimée. Les décors sont spectaculaires et dignes du plus grand romantisme. Du côté de la musique, on croise Wagner que Lalo admirait profondément et les vocalités de Verdi tandis que la part orchestrale doit beaucoup de César Franck dont Coquard était un élève. Créée avec succès à Monte-Carlo, le 9 mars 1895, et reprise à l'Opéra-Comique le 23 décembre de la même année, l'oeuvre a été enregistrée sur le vif lors d'un concert à Montpellier en juillet 2015. Le livret d'Edouard Blau s'inspire d'une nouvelle de Mérimée de 1828 et permet une grande caractérisation des personnages donnant aux solistes de véritables pages d'anthologie. Véronique Gens incarne une Blanche  passionnée face à Charles Castronovo, Robert, viril et ardent.  Le choeur est un personnage crucial puisqu'il donne vie aux paysans de cette Jacquerie fatale : les choeurs de Radio France sont à la hauteur de la tâche. Patrick Davin mène le Philharmonique de Radio France dans un mouvement allant crescendo. Une réalisation passionnante.