LA FRÉQUENCE DES ECCHYMOSES

L'objet est conçu avec amour. Lové dans un digipack fait maison, il se déplie comme un mille-feuille et flatte nos pupilles d'images d'un solstice nocturne qui laisse rêveur. En vis-à-vis, un recueil de textes choisis élégamment habillé pour stimuler le coeur et l'esprit. À ce stade, l'auditeur, enivré par tant d'attention, se retrouve très logiquement dans les meilleures dispositions pour accueillir cette heure d'un combat acharné, ourdi de l'intérieur, contre la fatalité. Car c'est sans doute pour conjurer le sort que nos namurois ont choisi de se baptiser Vendredi 13, portant leur croix à bout de bras pour se rappeler à chaque instant que rien n'est éternel. Quand ils se laissent emporter par la douce brutalité d'un titre comme 'Rien ne précède', le souvenir de l'éphémère Vincent Van Gogh d'Olivier Andu s'invite parmi nous. Mais dans la plupart des cas, la toile sur laquelle les clameurs de Thierry Robrechts se répandent est faite d'arabesques pointillistes brodées de touches d'ivoire et de cordes en nylon. Ce sont dans les espaces entre deux notes, entre deux mots, que se loge l'émotion, laissant traces, morsures et hématomes sur la surface lisse d'un corps encore trop frêle qui n'a pas encore appris à vivre. 'La Fréquence des Ecchymoses' est un carnet de poésie brûlant d'un feu que seule la passion dévore. (RIF RAF - Octobre 2010 - N°164)