LA DESCENTE D'ORPHÉE AUX ENFERS

Marc-Antoine Charpentier revisite en deux actes le mythe d'Orphée ! Opéra non achevé ? Fin en suspension ?  Cette Descente d'Orphée aux Enfers est bien surprenante. Sorti de l'ombre projetée par Lully, Charpentier n'a pas fait de l'opéra son mode d'expression favori.  Composé à l'intention de la troupe entretenue par Mademoiselle de Guise vers 1687, La Descente d'Orphée aux Enfers est un des rares ouvrages lyriques français s'appuyant sur le mythe d'Orphée. Le genre pastoral n'est pas absent de la production de Charpentier puisque tout le premier acte s'en inspire avec ses danses de nymphes et de bergers venus célébrer le mariage d'Eurydice avec le berger Orphée. Le drame se noue cependant rapidement donnant lieu aux lamentations des compagnes de la jeune fille, interrompues par Apollon venu convaincre Orphée de visiter Pluton. Le deuxième acte évolue de l'ombre à la lumière puisqu'Orphée, après une difficile quête presqu'initiatique, s'apprête à quitter les âmes damnées presqu'à regret. Charpentier laisse le dernier mot aux fantômes, fin étonnante qui plonge l'auditeur dans l'expectative. N'est-ce pas un coup de génie que de pouvoir, par-delà les siècles, nous surprendre encore et nous faire réfléchir aux fins dernières, comme on disait au 17ème siècle pour parler de la mort ?