IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI

"Il faut que ce film - et surtout s'il est plutôt 'subjectif-lyrique' - ait un côté très violemment critique-politique (très subjectif choquant). Par exemple : sur l'horreur de la société actuelle, sa misère honteuse (habitat, nourriture, illusions et névroses), sur les cadres, leurs déclarations, leurs pensées... (quelque chose comme "De la misère en milieu cadre", dans le genre des notes d'Alice [Becker-Ho])... Le passage pourrait être ceci : comment le temps qui a passé nous a menés à un autre monde : le 'bon' et le 'mauvais' côté de ceci ; 1) le bon : j'aurai transmis à mon époque cette maladie de la subversion ; 2) le mauvais : comment le monde s'est enlaidi (en donnant tant raison à cette critique). Par exemple, montrer : ce n'est plus question d'esthétique. Les experts critiquent ou rassurent. Mais leurs illusions : ce qu'ils acceptent, croient, aiment... Les spectateurs (prolétaires en ceci, mais honteux) n'ont même pas de passé" (Guy Debord, note inédite à propos du film).

"Je ne ferai, dans ce film, aucune concession au public. Plusieurs excellentes raisons justifient, à mes yeux, une telle conduite ; et je vais les dire. Tout d'abord, il est assez notoire que je n'ai nulle part fait de concessions aux idées dominantes de mon époque, ni à aucun des pouvoirs existants. Par ailleurs, quelle que soit l'époque, rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, fût-il composé de contemporains de Périclès ; et, dans le miroir glacé de l'écran, les spectateurs ne voient présentement rien qui évoque les citoyens respectables d'une démocratie" (Guy Debord, début du texte du film).