IL PRIGIONIERO

La forme ramassée de l'opéra de Luigi Dallapiccola Il prigioniero (Le Prisonnier) s'accorde parfaitement à son écriture empruntant aux techniques sérielles, de manière modérée. Ecrit et créé en 1949, Il prigioniero fait se succéder un prologue et un acte scène unique.

Dallapiccola transpose la nouvelle de Villers de l'Isle-Adam à Saragosse, sous Philippe II. Dans les geôles de l'Inquisition, le prisonnier (chanté par le baryton autrichien Markus Butter) raconte à sa mère (la soprano Aile Asszonyi) les souffrances et tortures infligées par deux prêtres (le ténor Roman Pichler et le baryton David McShane). Le geôlier (le ténor Manuel von Senden) lui fait espérer on ne sait quelle rémission. La porte de la cellule reste ouverte, le prisonnier s'échappe, se croit enfin sauvé mais c'est pour tomber entre les bras de l'Inquisiteur (Manuel von Senden) qui lui montre le chemin de la liberté : le bûcher.

Ce sujet des plus noirs est traité avec un lyrisme qui emporte l'émotion. Enregistré en direct à l'Opéra de Graz en Autriche en mars 2017, cette version dirigée par Dirk Kaftan est bouleversante, sans être parfaite. Dans cette oeuvre, Luigi Dallapiccola nous parle de notre condition humaine dont l'horizon est la mort après une vie dont on espère qu'elle soit la plus exempte de souffrance. Un destin de prisonnier ? A méditer.