GRINDERMAN

Entre deux tours de chant en compagnie de ses Bad Seeds, Nick Cave délaisse pour un temps piano et dégaine de crooner lugubre pour tenter, au sein de son projet parallèle Grinderman, d'habiter une collection de chansons innervées par les guitares. A la première écoute, malgré la sauvagerie d'emblée revendiquée, Grinderman joue certes à l'instinct et revendique une évidente filiation avec le blues rock hanté et grand-guignol du Birthday Party - le groupe des débuts de Cave - mais sans dissimuler le caractère auto-parodique du projet ni dissimuler l'âge du capitaine. Si Nick Cave s'est débarrassé de son tuxedo, c'est à présent nanti d'une généreuse moustache au style " Middle West " qu'il s'affiche. Quant à ses compagnons de route (les bassiste, batteur et violoniste des Seeds), ils adoptent tous une ad hoc dégaine western spaghetti, grisonnants gothic cowboys. Grinderman et son chapelet de chansons hirsutes, offre aussi l'occasion à Nick Cave d'y confronter une voix aujourd'hui moins apte à se plier à toutes les contorsions expressives d'antan et qui s'autorise au passage l'occasion de souffler sur quelques ballades. Au contraire des Stooges, décidés, dans un acte de bravoure gérontophile, à tenter de réactiver la radicalité de Raw Power, le quadra Nick Cave a préféré se donner la liberté de déambuler

à son rythme de sénateur dans les recoins de son propre mythe. (JDN)