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Couverture EP'S 1988-1991 de MY BLOODY VALENTINE

EP'S 1988-1991

MY BLOODY VALENTINE

Samarcande (Recherche de disponbilité en cours...)
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Couverture EP'S 1988-1991 de MY BLOODY VALENTINE

"Ce groupe est vraiment bon, dommage que ton vinyle ne tourne pas rond, il a dû prendre le soleil". C'est souvent en ces termes que mes amis témoignèrent de leur expérience à l'écoute du Tremolo EP (1991) de My Bloody Valentine. Comme beaucoup, ils étaient fascinés par les mélodies de To Here Knows When, mais contrariés par les récurrences à contretemps des boucles samplées, qui resteront comme la marque déposée du groupe de Kevin Shields. Manifeste d'une cohérence esthétique (de la pochette au tracklisting) aussi originale qu'extrême, ce maxi n'a pas pris une ride. Il reste aussi dérangeant et fascinant qu'à sa sortie. Reconnaissons la pertinence éditoriale de cette triple réédition de la période 1988-91 qui intègre à la fois les EP, les deux albums et des titres rares ou inédits. Tous ces témoignages sonores sont nécessaires pour comprendre comment My Bloody Valentine a pu marquer d'une pierre blanche la pop. Si You Made Me Realise ou Tremolo comptent autant que les albums Isn't Anything (1988) ou Loveless (1991), c'est parce que le tournant des années 90 fut une période où les EP quatre titres étaient la forme esthétique la plus appréciée de la culture shoegaze, le signe de l'affirmation des formations émergentes. Le patrimoine de ce courant pop moderne compte d'ailleurs quelques trilogies de maxis inoubliables, de Moose à Ride en passant par Lush et The Boo Radleys. My Bloody Valentine en fut le chef de file, et chacun de ses enregistrements fut reçu comme un uppercut. Le profil du quatuor de Dublin différait de celui de ses collègues. Ses musiciens étaient plus âgés, et le groupe avait déjà un passé discographique au moment de sa signature chez Creation.

Formé au début des années 80, My Bloody Valentine publia son premier LP en 1985 (This Is Your Bloody Valentine). D'un son influencé par le garage et le psychobilly, le groupe emmené par le guitariste Kevin Shields et le batteur Colm O'Ciosoig, deux amis de lycée, s'était peu à peu dirigé vers une pop aux accents noisy, après la découverte de The Jesus And Mary Chain. 1988 constitue indubitablement un changement de catégorie avec sa signature sur le label Creation. Le sens de la mélodie de Shields et l'arrivée de la guitariste Bilinda Butcher, avec qui il partagera dorénavant le chant, scellent la cohérence et la pertinence de My Bloody Valentine, qui édite successivement deux EP à la qualité rare, You Made Me Realise en juillet et Feed Me With Your Kiss en octobre de la même année. Sur le premier, le titre You Made Me Realise deviendra vite un grand classique. Outre sa qualité intrinsèque, c'est sa construction qui étonne. Après le second refrain, au bout d'une minute et quarante secondes, l'auditeur est happé par une trappe de bruit blanc simplement soutenue par un son de basse distordu.

On a l'impression étrange de se trouver près d'un Boeing en plein décollage. Trente secondes plus tard, pourtant, cette expérience à la fois planante et agressive est stoppée net par le retour du refrain. En concert, ces trente secondes pourront s'allonger ad libitum, jusqu'à dépasser les dix minutes, laissant les spectateurs, complètement hors du temps, face à un mur du son invisible envahissant le thorax et l'abdomen. Un artifice compositionnel qui fera d'ailleurs école jusqu'à en devenir générationnel. On le retrouvera ainsi dans le morceau Drive Blind de Ride. Esthétiquement, l'importance du EP You Made Me Realise s'explique parce qu'il mène de front deux directions qui apparaissent alors opposées : la chanson pop parfaite et l'agression bruitiste. Ce maxi est aussi le premier où Kevin Shields adopte un jeu de guitare rythmique à base de distorsion qui deviendra sa patte. Son utilisation continue du vibrato et de l'effet tremolo font osciller les accords joués, ce qui induit une perte de repère pour l'auditeur (Thorn, Emptiness Inside). (Gérôme Guibert dans Magic !)

  • Ref. : XM977B
  • SONY MUSIC, prod. 2012, enr. 1988-1991.
  • Disponible en disques compacts (2 pièces).
Samarcande (Recherche de disponbilité en cours...)

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