DEEP LEE

S'il est un art qui appartienne à Lee Konitz dans le domaine du saxophone, c'est bien celui de la délicatesse. Sans doute est-ce pour cette raison qu'il a souffert, pendant sa longue carrière (80 ans), d'une relative (et injuste, eu égard à ses qualités) désaffection du grand public. La subtilité de l'écriture de Konitz, brillant élève de Lennie Tristano et dont il a consenti à suivre les pas pour tracer plus sûrement ensuite sa propre voie (plus on l'écoute, plus l'on devient sensible à l'écart qu'il ménage avec l'héritage de Lennie Tristano, à partir de celui-ci)... Doit-on parler ici d'une musique de trio augmenté d'un saxophone, c'est-à-dire d'un art de la composition réduit à son essence (section rythmique épurée et le fil mélodique / harmonique par-dessus)? C'est plutôt de l'inverse qu'il s'agît ici, où l'on a affaire à un disque d'alto soliste appuyé de trois musiciens chargés de lui fournir un bel écrin. Deep Lee a quelque chose à voir avec un disque de miniaturiste : de là il tire sa beauté, de là il apparaît à la rigueur superflu, trop luxueux pour des compositions et des thèmes qui n'auraient pas démérités à être interprétés seuls... [www.mille-feuille.fr]