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POLKUPYÖRALLÄ VUOKKOPENKEREELE
On l’a toujours su : la Finlande est une patrie pas comme les autres ! Situé à l’extrême Nord de l’Europe, ce tout jeune pays - dont l’indépendance ne fut proclamée qu’en 1917 à l’issue d’une guerre civile - ne manque pas d’étonner de part sa culture singulière. Outre une scène métal parmi les plus dynamiques d’Europe, la Finlande se distingue aussi et surtout par des artistes uniques, comme les inclassables réalisateurs Aki et Mika Kaurismäki ou ce curieux touche-à-tout qu’est Mika Rättö.
Faisant des infidélités au groupe à géométrie variable Circle le temps d’un album, le chanteur aux talents multiples (il est également investi dans la peinture, l’écriture et le théâtre) s’envole en solo au pays des Menninkäinen, Luonnotar et autres esprits bienfaisants, et, ma foi, la balade est décidément bien plaisante : s’éloignant radicalement du rock underground de son groupe, Mika Rättö chante d’une voix quasi-lyrique des comptines charmantes et charmeuses aux titres imprononçables que l’on se surprendra pourtant à reprendre en yaourt et à tue-tête.
Personnellement, je n’ai aucune idée de ce dont il peut bien parler, et honnêtement, je m’en moque : ses envolées vocales faussement justes (ou justement fausses) se suffisent à elles-mêmes et emmènent l’auditeur dans un autre espace-temps.
Il faut dire qu’il y a un côté éminemment ludique dans la musique du Finlandais qui puise tant dans l’imaginaire populaire et musical de son pays que dans le cabaret de l’entre-deux-guerres en passant par des mélodies d’inspiration médiévale (« Lieron viettelys »), du blues old-school (« Kirjailijalle kiitos ») et de la pop délicieuse de naïveté assumée (« Herrasmies universumin »). Un album qui fleure bon la joie de vivre, la bonne humeur et les petits matins qui chantent, sur lequel le Finlandais redéfinit l’avant-garde à sa façon, sans prétention aucune. S’il s’adonne à l’une ou l’autre expérimentation (le long instrumental « Matkalla paratiisisaarille »), c’est pour mieux brouiller les pistes et, tel un esprit farceur, mieux réapparaître là où on ne l’attend pas.
Catherine Thieron