CONSOLATIO

Le dénominateur commun de cet enregistrement est la consolation, action visant à soulager la douleur à la fois physique et psychologique. Les trois cantates de Bach proposées ici par Philippe Pierlot et le Ricercar Consort développent ce thème au travers des paroles du Christ à l'aveugle guéri : « Va, ta foi t'a sauvé ».

Créée le 7 février 1723 à Leipzig, la cantate Jesus nahm zu sich die Zwölfe (« Jésus prit avec lui les Douze ») BWV 22 marque les débuts du compositeur au poste de Cantor de l'église St-Thomas à Leipzig, poste qu'il conservera près de 27 ans. S'inscrivant dans la continuité de son prédécesseur Kuhnau, cette oeuvre était destinée à montrer aux autorités de la ville le savoir-faire du nouvel engagé. Bach s'y livre à une exégèse musicale du texte annonçant la résurection du Christ.

Autre éclairage du même Evangile, la cantate Herr Jesu Christ, wahr' Mensch und Gott (« Seigneur Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu ») BWV 127 explore la dimension intime de la relation à la mort. La mise en oeuvre sonore s'attache à donner au texte tout son relief. Le hautbois joue ici un rôle tout particulier notamment dans le dialogue avec la soprano de l'aria « Die Seele ruht ».

Enfin avec la cantate Die Elenden sollen essen (« Les pauvres mangeront ») BWV 75, Bach inaugurait ses fonctions dans une autre église de la ville de Leipzig : St-Nicolas. Ici la forme est développée sur 14 numéros répartis en deux parties avec intervention de la trompette soulignant la portée du texte. L'Evangile du jour contient la parabole du pauvre et du mauvais riche, thème permettant au compositeur de développer des moyens qui ne sont pas si éloignés de ceux de l'opéra pour un catéchisme en musique des plus efficaces.