CARLO RE D'ALEMAGNA

" Carlo, Re d'Alemagna " (1716) est une oeuvre remarquable a plus d'un titre. C'est l'un des derniers opéras d'Alexandro Scarlatti (1660-1725). Le thème évoque les luttes intestines au temps des Carolingiens, un sujet peu courru qui a peut-être été choisi en hommage au Prince-électeur de Bavière dont l'ancêtre n'était autre que Judith de Bavière, le personnage principal de cette oeuvre. La forme mêle opera seria et opera buffa comme l'affectionnait le public napolitain d'alors. C'est ainsi que deux rôles comiques relatant les amoutettes d'Armilla et de Bleso viennent pimenter le déroulement plus sérieux de l'intrigue politique.

Auteur de plus d'une centaine d'opéras dont environ soixante-cinq, curieusement boudés par le disque, nous sont parvenus, Alexandro Scarlatti est l'un des pères fondateurs de l'opéra napolitain, caractérisé au XVIIIe siècle par un contraste très net entre le récitatif qui se veut moteur de l'action et l'air dont la fonction est de cerner la psychologie des personnages. La sinfonia en trois parties qui deviendra la norme pour l'ouverture de tous les opéras italiens s'impose avec Alexandro Scarlatti. Par ailleurs, les conditions très confortables dans lesquelles le compositeur a pu travailler lui ont permis d'enrichir considérablement les effectifs orchestraux en usage et d'y inclure progressivement des instruments à vent (trompettes, hautbois, flûtes à bec et cors).

C'est à Palerme en 2003 que Fabio Biondi et son Europa Galante ont exhumé la partition de " Carlo, re d'Alemagne " pour la faire revivre. L'opéra a été repris en 2009 à Stavanger où il a été enregistré avec le Stavanger Symphony orchestra, un orchestre moderne dirigé par Biondi depuis le premier violon. L'enregistrement a été couronné d'un Diapason d'or en décembre 2013.