BRUNDIBAR (EN FRANÇAIS)

Lorsqu'il composa Brundibar en 1938, le compositeur tchèque Hans Krasa était un chef d'orchestre estimé. Répondant à l'ouverture d'un concours d'opéra pour enfants à l'initiative du Ministère tchèque de la Culture et de l'Education, il s'associa au dramaturge Adolf Hoofmeister qui rédiga le livret de ce charmant conte de fée dans lequel le bien triomphe du mal. Durant l'hivers 1941, Brundibar sera représenté deux fois dans un orphelinat pour garçons juifs, en l'absence de Krasa récemment déporté à Thérésienstadt. Ce camp de concentration se voulait une vitrine de la propagande nazie et connaissait un réel dynamisme culturel, en dépit d'un contexte des plus sordides. Revu en fonction des effectifs très changeants mis à la disposition de krasa, Brundibar y sera joué plus d'une cinquantaine de fois. Il n'était pas rare que les enfants soient déportés à Auschwitz le lendemain même de la représentation. Aujourd'hui, si l'oeuvre revit et si elle a suscité l'intérêt des élèves de l'Académie de Musique d'Evere et de leur encadrants, à l'origine de cet enregistrement, c'est à cause de l'absurdité tragique de son destin et de ce qu'il incarne pour l'Histoire en général et pour l'Histoire de la Musique en particulier.