BABEL BABEL

Du point de vue de la réalisation, ce quatorzième album studio d'Indochine ressemble à un retour aux sources - voire à une réunion d'anciens combattants puisqu'il a été mixé par Mark Stent, ingénieur du son britannique connu pour ses collaborations avec Beyoncé, Madonna et... Indochine 41 ans plus tôt. Il était en effet l'assistant de l'ingé son Simoen Skolfield sur Le Péril jaune, le deuxième album du groupe. Le saut dans le temps fonctionne aussi d'un point de vue esthétique car Babel Babel reflète parfaitement le style propre à Nicola Sirkis (épaulé par Olivier Gérard pour la musique). Les textes des chansons de ce double album oscillent entre l'évocation d'une l'actualité brulante et une poésie à la fraicheur adolescente : Ma vie est à toi parle de la guerre en Ukraine, tandis que Le Chant du cygne se penche sur la liberté des femmes en Iran : « Les salauds, les héroïnes / Des guerrières, des orphelines / A l'assaut des tombeaux / C'est le coeur, le chant des cygnes / Sois forte, plus forte encore. » Quant au morceau Sanna sur la croix, il fait référence à la Première ministre finlandaise Sanna Marin, qui a tenu tête à la Russie.

Musicalement, on retrouve les mélodies et harmonies typiques d'Indochine, mais elles sont parfois habillées d'arrangements assez inhabituels pour le groupe : on entendra ici de l'électro-reggae (La Belle et la bête), ou là une ambiance symphonique grandiloquente (Le garçon qui rêve et Seul au paradis, enregistrés aux AIR Studios de Londres). A noter que pour cet album qui prône l'apaisement face à la cacophonie du monde, Sirkis a demandé au grand photographe David LaChapelle de signer la pochette. ©Nicolas Magenham/Qobuz