ALL BORN SCREAMING

Bien qu'il s'agisse déjà de son neuf ou dixième album, on ne sait jamais vers quelle destination musicale Annie Clark compte nous emmener. Touche-à-tout hyperdouée tétanisée à l'idée de faire du surplace, St. Vincent revient avec un All Born Screaming enregistré et produit par ses soins, après un très personnel Daddy's Home (2021) centré autour la figure paternelle. À l'instar d'une Cate Le Bon (qui participe à l'écriture du disque), St. Vincent réussit à nouveau à combiner modernité sonore, efficacité pop, subtilité mélodique et écriture intime sans jamais rien céder à la cohérence d'oeuvre qui se bonifie avec le temps. La plaque s'ouvre sur un « Hell Is Near » comptine introspective qui mène directement au plus grave « Reckless » et sa noirceur industrielle toute « Trent Reznor-ienne ». « Broken Man » monte encore d'un cran sur l'échelle de la tension que désamorce à peine le saccadé « Flea » où son redoutable toucher guitaristique particulier fait merveille. « Big Time Nothing » réoriente l'album du côté d'une piste de danse plutôt décatie. « Violent Time » est la chanson d'un James Bond que vous ne verrez jamais ! Quant au dernier tiers du disque, il renvoie autant à Kate Bush (« Sweetest Fruit ») qu'à David Byrne (avec qui elle a publié Love This Giant en 2012) en mode reggae. Priez St. Vincent pour tant de félicité musicale ! (YH)