A TOMBEAU OUVER (CHANSONS POSTHUMES VOL.1

Si on vous demande qui est Sarcloret, répondez : "Un grand acteur !" Le chanteur suisse excelle dans son rôle de râleur cabotin dont le cynisme (sur scène, il procède au choix de son épitaphe) masque une sensibilité de jeune fille et un humanisme engagé. Autant d'humeurs que reflètent la voix parlée-chantée de l'ancien "Sarclo", pour qui le nombre de pieds n'est pas une contrainte, et des textes aussi différents que 'La Suisse' (la victoire du parti d'extrême droite UDC aux dernières législatives n'a pas dû le faire sauter au plafond...) ou 'Une jolie fin de vie', hommage d'un vieillard à sa libido tenace. Si les sujets varient, l'écriture de Sarcloret reste la même : une poésie remplie de gros mots prononcés avec une jouissance enfantine, enrichie de formules bien trouvées ("La culotte rendue ficelle / Leur fait (...) un second décolleté derrière") et de quelques jeux de mots, juste assez pour ne pas tomber dans l'exercice de style. A l'exception de 'Chanson Posthume,' dont le côté rentre-dedans traduit de manière grossière la volonté de sonner "rock", tout est fait pour donner aux arrangements la même légèreté : les notes de guitare électrique passées au vibrato, la voix mise en avant, les choeurs lointains sur 'Une jolie Fin de vie', etc. Bref, "A Tombeau ouvert", ce sont quatorze morceaux courts et digestes, emprunts d'un mauvais goût jubilatoire ('A La Mort de Pierre Bache-lait'). Vivement 'L'Exhumation du cadavre', le prochain album ! (www.evene.fr)